Comment on nous manipule en nous faisant croire qu’elle est indispensable au progrès de la recherche sur la santé humaine
Vérité 1 : pourquoi utilise-t-on des animaux ?
On peut comprendre que les moyens pour étudier le fonctionnement du vivant au 17ème siècle étaient bien plus limités qu’aujourd’hui.
Cependant, la théorie cartésienne de « l’animal-machine » qui fut entérinée par Claude Bernard en 1865, se retrouve encore dans la pensée scientifique de nos jours.
En ce qui concerne l’expérimentation animale, les animaux sont utilisés pour deux raisons principales : la première, pour évaluer la sécurité de l’exposition humaine dans le contexte de la pharmacologie et de la toxicologie (par ex. pour les essais de médicaments) ; et la deuxième pour engendrer de nouvelles hypothèses biologiques/biomédicales (la recherche fondamentale).
La réglementation de son coté, est largement responsable de l’imposition de tests sur animaux pour l’octroi de l’autorisation de mise sur le marché des substances dans lesquelles nous baignons tous aujourd’hui.
Il est important de signaler que cette réglementation date de 1947 et donc en retard de 70 ans par rapport aux connaissances actuelles.
Vérité 2 : comment les chercheurs s’arrangent pour choisir les animaux qui valident leurs recherches
Le « modèle animal » présente a priori un problème aux chercheurs, vu qu’aucune espèce n’est un modèle biologique pour une autre espèce.
Mais les industriels ont réussi à transformer ce problème en une astuce. Prenons comme exemple concret le bisphénol A.
La réglementation en vigueur oblige le fabricant de prouver que son produit est sans danger évident pour la santé humaine. Cependant, le fabricant a la possibilité inouïe de choisir l’espèce d’animale selon ses besoins, c’est-à-dire l’espèce qui lui convient le plus.
Ce n’est donc pas par hasard qu’une espèce de rat très particulière (et très résistante aux effets néfastes du bisphénol A) a été choisie par le fabricant.
Les autorités de réglementation ont dûment octroyé une autorisation de mise sur le marché pour ce perturbateur endocrinien. En 1960 débute son utilisation massive par l’industrie du plastique.
Ce n’est qu’après des décennies d’exposition humaine que l’on s’aperçoit que le bisphénol A est capable de provoquer des pathologies graves chez l’homme. Comment les industriels ont-ils pu cacher leur petit secret pendant si longtemps ?
Chaque fois que l’on soupçonne des problèmes sanitaires liés à l’utilisation d’un produit, les industriels vont présenter à nouveau des données issues de tests sur animaux afin de prouver son innocuité.
Pire encore, les autorités de réglementation auront ignoré de recueillir des données humaines pertinentes pendant toutes ces décennies.
Vérité 3 : les solutions possibles qui sont ignorées et pourquoi ?
La réglementation en vigueur convient tout à fait aux industriels pour obtenir une autorisation de mise sur le marché de leurs produits comme le démontre l’exemple du bisphénol A ci-dessus. Première démarche à faire : amender la réglementation de façon à ce que le fabricant soit dans l’obligation de fournir des données pertinentes pour la santé humaine au lieu de données issues de tests sur animaux. Le cas du botox est l’exemple phare pour illustrer cette solution. Le botox contient la toxine botulique, le poison le plus puissant au monde. Et pourtant, grâce à une forte mobilisation de l’opinion publique, le fabricant du botox a réussi à développer un test de sécurité utilisant des cellules humaines en culture pour remplacer les tests classiques sur des souris. L’exemple du botox démontre le rôle important que peut jouer une opinion publique bien informée pour faire bouger les choses alors que la technologie existe mais n’est pas forcément appliquée. |
Vérité 4: Il est possible d’expérimenter sans souffrance sur des êtres humains
Comment tester des substances destinées à l’homme sans passer par des animaux ?
En fait, il est très difficile, voire quasiment impossible, de remplacer le fonctionnement d’un système vivant complexe entier par des cellules ou des ordinateurs.
La technologie moderne nous permet néanmoins d’obtenir un résultat approximatif de celui du vivant.
Cependant, tout est relatif. Selon la haute autorité de sécurité sanitaire aux Etats-Unis (FDA), sur dix molécules prometteuses testées sur les animaux, neuf parmi celles-ci vont échouer aux cours d’essais cliniques chez l’homme en raison de la toxicité ou du manque d’efficacité.
Cela représente un taux de fiabilité d’environ 10%.
En revanche, si nous utilisons les technologies désormais disponibles en se basant uniquement sur du matériel humain (cellules souches humaines, cultures cellulaires 3-D humaines, la bio-informatique, la pharmacogénétique, la toxicologique, organes sur puce, entre autres), nous pouvons atteindre un taux d’environ 70% de fiabilité en moyenne. Si cela est encore loin de 100%, cela est nettement mieux que les 10% liés aux tests sur des animaux.
Il est également important de recueillir systématiquement le plus possible de données humaines par le biais de la bio-surveillance, par exemple, les analyses de sang et d’urine chez les salariés et les personnes vulnérables (femmes enceintes, nouveau-nés).
Si cela ressemble à une stratégie d’après coup c’est le triste résultat d’une politique de sécurité sanitaire qui octroie une autorisation de mise sur le marché pour des dizaines de milliers de substances chimiques à l’appui de tests sur animaux. Or, les données acquises de la science montrent que les études de toxicité faites sur des animaux ne permettent pas de prédire la toxicité pour l’homme.
Les personnes, et non les substances chimiques, ont le droit d’être présumées innocentes jusqu’à preuve du contraire.
Les personnes ont aussi le droit de ne pas subir des expériences sans leur consentement éclairé ; il n’a été donné à personne l’occasion de donner ou de refuser son consentement avant d’être exposé au fardeau [toxique] qui à présent nous contamine tous.
par André Ménache
Conseiller scientifique de Planète Altruiste