Et si, dès la naissance, vous étiez naturellement altruiste ?

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Dans notre société, le succès à l’école est mesuré par la réussite aux examens scolaires et par l’obtention d’une situation bien rémunérée. En conséquence, dans le monde actuel, les pressions exercées sur les enfants pour qu’ils réussissent sont considérables. Les psychologues estiment que cette pression et la vulnérabilité qu’elle entraîne en cas d’échec compte parmi les facteurs qui ont contribué à la forte augmentation, (dix fois plus que dans les années 1960) du taux de dépression et de suicide chez les enfants dans les pays développés.

Trop souvent, notre manière d’éduquer est autoritaire, l’adulte est dominant et l’enfant soumis.

Nous assistons même parfois à des situations de déséquilibre où l’enfant est roi et l’adulte démissionnaire. Au final, les rapports adultes-enfants sont biaisés, le respect mutuel, la relation gagnant-gagnant sont absents.

Aujourd’hui, nous avons besoin de retrouver un juste équilibre dans la relation et passer d’un mode autoritaire à un mode coopératif. Nous avons besoin de favoriser l’accomplissement des enfants (et donc des adultes) par le développement de leur autonomie et en ayant confiance en eux. Par l’écoute de ses besoins, nous reconnaissons en chaque enfant un individu à part entière qui ne manquera d’exprimer pleinement tout son potentiel.

L’enfant n’est pas un vase que l’on remplit mais une source que l’on laisse jaillir

Maria Montessori

L’ALTRUISME, UNE DISPOSITION INNÉE CHEZ L’ENFANT

Une étude réalisée à l’institut Max Planck de Leipzig montre que dès l’âge d’un an, alors qu’ils apprennent à peine à marcher et à parler, les enfants manifestent spontanément des comportements d’entraide et de collaboration désintéressés qui ne leur ont pas été appris par les adultes. Il s’agit donc d’une inclinaison naturelle pour l’enfant à venir en aide.

Plus tard, après l’âge de 5 ans, la tendance à la coopération et à l’entraide est influencée par l’apprentissage des rapports sociaux et par des considérations de réciprocité ignorés par les enfants plus jeunes qui eux, aident spontanément sans faire de discrimination.

Une éducation éclairée devrait consister à préserver ces inclinaisons naturelles à coopérer tout en se protégeant sans pour autant inculquer à l’enfant des valeurs égoïstes, individualistes et narcissiques.

INCULQUER A L’ENFANT UN SENTIMENT D’APPARTENANCE UNIVERSELLE

Une éducation éclairée devrait également mettre l’accent sur l’interdépendance qui règne entre les hommes, les animaux et l’environnement naturel où le moi se fond dans le nous. Ce sentiment d’appartenance suscite un profond sentiment d’humanité partagé. L’enfant peut ainsi acquérir une vision holistique qui contribue de manière constructive à l’évolution du monde qui l’entoure en mettant l’accent sur la coopération plutôt que sur la compétition et sur la sollicitude plutôt que sur la différence. Si l’on reconnaît que l’enfant a une propension naturelle à l’empathie et à l’altruisme, son éducation vise à accompagner et à développer cette prédisposition.

SE POSITIONNER FACE A L’ENFANT

Les études montrent que si l’on fait prendre conscience à l’enfant qu’il est capable d’altruisme, il aura tendance à se comporter avec bienveillance quand l’occasion lui en sera donnée. Lorsqu’il se comporte de façon malveillante, la meilleure stratégie semble être de lui faire ressentir le tort qu’il a causé en le conduisant à adopter le point de vue de l’autre sans pour autant le faire culpabiliser.

Cessons d’affirmer notre autorité de manière radicale ou de ne plus manifester d’affection lorsque l’enfant se comporte mal. Ni l’une, ni l’autre de ces attitudes donne de bons résultats. L’attitude la plus constructive et la plus efficace consiste à expliquer calmement à l’enfant pourquoi il serait plus approprié de changer de comportement. On amène l’enfant à prendre la position de l’autre et à lui faire prendre conscience du tort qu’il a causé à autrui. Puis, en réfléchissant à sa manière d’agir, l’enfant pourra adopter l’attitude appropriée.

La fermeté fournit à l’enfant une information claire sur ce que veut le parent tout en l’invitant à affirmer sa propre autonomie. Les enfants sont plus sensibles à l’empathie qu’au rappel de normes morales abstraites.

LA NECESSITE DES INTERACTIONS SOCIALES POUR LE BIEN-ÊTRE DE L’ENFANT
Chez les premiers hominidés, l’éventail des personnes autres que la mère qui prenaient soin des enfants était beaucoup plus large qu’aujourd’hui. Ainsi, le fait que les nouveaux nés interagissent avec un nombre élevé de personnes contribue considérablement à élever le degré de coopération et d’empathie chez l’être humain. Sarah Erdis envisage une possible atrophie de l’empathie et des connexions émotionnelles si les enfants ne bénéficient plus des riches interactions associées aux soins collaboratifs. L’un des défis, des drames parfois de la femme contemporaine, c’est qu’elle doive souvent faire face seule à une tache que l’évolution des hominidés avait rendu communautaire et à laquelle pourvoyait pléthore de bonnes volontés dans les sociétés traditionnelles. En fait, ce dont a besoin, c’est de raviver l’instinct parental chez tous les membres de la société.

COOPÉRATION PLUTÔT QUE COMPÉTITION

Apprendre avec les autres, par les autres, pour les autres et non pas seul contre les autres, l’apprentissage coopératif consiste à faire travailler ensemble les élèves dans des petits groupes dans lesquels on s’entraide, on s’encourage et on loue les succès des uns et des autres. Les enfants les plus avancés peuvent venir en aide à ceux le plus en difficulté. Le sentiment de responsabilité, l’esprit de camaraderie, l’absence de jugement, inspirent confiance aux enfants et les incitent à donner le meilleur d’eux-mêmes. L’apprentissage coopératif présente de multiples avantages en termes de mémorisation des leçons, de désir d’apprendre, de temps nécessaire à l’accomplissement d’une tâche et de transfert de connaissances entre les élèves. On observe une amélioration de l’intelligence émotionnelle, du sens moral et des relations amicales, des comportements altruistes et des rapports avec les enfants.

Pour résumer, Jacques Lecomte* identifie 4 attitudes essentielles qui favorisent l’altruisme chez l’enfant :

Lui exprimer de l’affection
Agir soi-même de manière altruiste et lui servir de modèle
Le sensibiliser à l’impact de ses actions sur autrui
Lui fournir l’occasion d’être utile aux autres.

L’exemple vivant donné par les parents à chaque instant de la vie quotidienne est plus efficace que toutes les leçons morales.
*Auteur de La Bonté humaine

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